miércoles, 1 de diciembre de 2010

Paul Verlaine y Manuel Machado 2




Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, qui m'aime et me comprend.

Car elle me comprend et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seul, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, si calme et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


PAUL VERLAINE

Mon rêve familier lu par FRANÇOIS PÉRIER


Mi sueño familiar

Tengo a menudo el sueño extraño y penetrante,
de una desconocida a quien amo y que me ama
y que no es siempre ni la misma del todo
ni por completo otra y me ama y me comprende.

Porque ella me comprende, y mi corazón transparente
para ella sola ¡ay! deja de ser un problema,
para ella sola y la mador de mi frente pálida
sólo ella sabe refrescarla llorando.

¿Es morena, rubia o roja? Lo ignoro.
¿Su nombre? Recuerdo que es dulce y sonoro
como el de las amadas que desterró la vida.

Su mirada es semejante al mirar de las estatuas
y su voz lejana y tranquila y grave, tiene
la inflexión de las voces queridas que han callado.

MANUEL MACHADO