domingo, 20 de septiembre de 2009

Montaigne y Ezequiel Martínez Estrada



La lengua castellana no tuvo su John Florio. Los Ensayos de Montaigne, condenados por la todopoderosa Inquisición española, fueron, durante casi trescientos años,  inaccesibles para el lector de lengua española que no pudiese leerlos en el texto original. Hay indicios de que Francisco de Quevedo habría hecho una traducción parcial, hoy, desgraciadamente, perdida. Fue sólo a fines del siglo XIX que Constantino Román y Salamero publicó la primera traducción integral de los Ensayos. Desde entonces distintas traducciones han aparecido. A nuestro entender, ninguna posee esa calidad literaria que hizo de la traducción de Florio una obra capital de la literatura inglesa. Existe, o pudo haber existido, para ser más precisos, una notable excepción: la traducción de Ezequiel Martínez Estrada. Decimos pudo porque Martínez Estrada no tuvo el tiempo ni la salud necesarios, ni seguramente los apoyos imprescindibles, para emprender una traducción completa. Le tocó vivir en un país que comenzaba la lenta e inexorable decadencia que ha hecho de la Argentina un país que en muy poco se parece al de las primeras décadas del siglo XX. Nos queda, sin embargo, un pequeño volumen, hoy casi ignorado, que le ha dado a Montaigne la mejor voz en lengua española, la más clara y precisa, y también la más bella, que posean los Ensayos.



Que Philosopher, c'est apprendre a mourir

CICERON dit que Philosopher ce n'est autre chose que s'aprester à la mort. C'est d'autant que l'estude et la contemplation retirent aucunement nostre ame hors de nous, et l'embesongnent à part du corps, qui est quelque apprentissage et ressemblance de la mort : Ou bien, c'est que toute la sagesse et discours du monde se resoult en fin à ce point, de nous apprendre a ne craindre point a mourir. De vray, ou la raison se mocque, ou elle ne doit viser qu'à nostre contentement, et tout son travail tendre en somme à nous faire bien vivre, et à nostre aise, comme dict la Saincte Escriture. Toutes les opinions du monde en sont là, que le plaisir est nostre but, quoy qu'elles en prennent divers moyens ; autrement on les chasseroit d'arrivée. Car qui escouteroit celuy, qui pour sa fin establiroit nostre peine et mesaise ?

Les dissentions des sectes Philosophiques en ce cas, sont verbales. Transcurramus solertissimas nugas. Il y a plus d'opiniastreté et de picoterie, qu'il n'appartient à une si saincte profession. Mais quelque personnage que l'homme entrepreigne, il jouë tousjours le sien parmy. Quoy qu'ils dient, en la vertu mesme, le dernier but de nostre visee, c'est la volupté. Il me plaist de battre leurs oreilles de ce mot, qui leur est si fort à contrecoeur : Et s'il signifie quelque supreme plaisir, et excessif contentement, il est mieux deu à l'assistance de la vertu, qu'à nulle autre assistance. Cette volupté pour estre plus gaillarde, nerveuse, robuste, virile, n'en est que plus serieusement voluptueuse. Et luy devions donner le nom du plaisir, plus favorable, plus doux et naturel : non celuy de la vigueur, duquel nous l'avons denommee. Cette autre volupté plus basse, si elle meritoit ce beau nom : ce devoit estre en concurrence, non par privilege. Je la trouve moins pure d'incommoditez et de traverses, que n'est la vertu. Outre que son goust est plus momentanee, fluide et caduque, elle a ses veilles, ses jeusnes, et ses travaux, et la sueur et le sang. Et en outre particulierement, ses passions trenchantes de tant de sortes ; et a son costé une satiete si lourde, qu'elle equipolle à penitence. Nous avons grand tort d'estimer que ses incommoditez luy servent d'aiguillon et de condiment à sa douceur, comme en nature le contraire se vivifie par son contraire : et de dire, quand nous venons à la vertu, que pareilles suittes et difficultez l'accablent, la rendent austere et inacessible. Là où beaucoup plus proprement qu'à la volupté, elles anoblissent, aiguisent, et rehaussent le plaisir divin et parfaict, qu'elle nous moienne. Celuy la est certes bien indigne de son accointance, qui contrepoise son coust, à son fruit : et n'en cognoist ny les graces ny l'usage. Ceux qui nous vont instruisant, que sa queste est scabreuse et laborieuse, sa jouïssance agreable : que nous disent-ils par là, sinon qu'elle est tousjours desagreable ? Car quel moien humain arriva jamais à sa jouïssance ? Les plus parfaits se sont bien contentez d'y aspirer, et de l'approcher, sans la posseder. Mais ils se trompent ; veu que de tous les plaisirs que nous cognoissons, la poursuite mesme en est plaisante. L'entreprise se sent de la qualité de la chose qu'elle regarde : car c'est une bonne portion de l'effect, et consubstancielle. L'heur et la beatitude qui reluit en la vertu, remplit toutes ses appartenances et avenues, jusques à la premiere entree et extreme barriere. [...]

Je nasquis entre unze heures et midi le dernier jour de Febvrier, mil cinq cens trente trois : comme nous contons à cette heure, commençant l'an en Janvier. Il n'y a justement que quinze jours que j'ay franchi 39. ans, il m'en faut pour le moins encore autant. Ce pendant s'empescher du pensement de chose si esloignee, ce seroit folie. Mais quoy ? les jeunes et les vieux laissent la vie de mesme condition. Nul n'en sort autrement que si tout presentement il y entroit, joinct qu'il n'est homme si décrepite tant qu'il voit Mathusalem devant, qui ne pense avoir encore vingt ans dans le corps. D'avantage, pauvre fol que tu es, qui t'a estably les termes de ta vie ? Tu te fondes sur les contes des Medecins. Regarde plustost l'effect et l'experience. Par le commun train des choses, tu vis pieça par faveur extraordinaire. Tu as passé les termes accoustumez de vivre : Et qu'il soit ainsi, conte de tes cognoissans, combien il en est mort avant ton aage, plus qu'il n'en y a qui l'ayent atteint : Et de ceux mesme qui ont annobli leur vie par renommee, fais en registre, et j'entreray en gageure d'en trouver plus qui sont morts, avant, qu'apres trente cinq ans. Il est plein de raison, et de pieté, de prendre exemple de l'humanité mesme de Jesus-Christ. Or il finit sa vie à trente et trois ans. Le plus grand homme, simplement homme, Alexandre, mourut aussi à ce terme.

Combien a la mort de façons de surprise ?


Quid quisque vitet, nunquam homini satis
Cautum est in horas.


Je laisse à part les fiebvres et les pleuresies. Qui eust jamais pensé qu'un Duc de Bretaigne deust estre estouffé de la presse, comme fut celuy là à l'entree du Pape Clement mon voisin, à Lyon ? N'as tu pas veu tuer un de nos Roys en se jouant ? et un de ses ancestres mourut il pas choqué par un pourceau ? Æschylus menassé de la cheute d'une maison, à beau se tenir à l'airte, le voyla assommé d'un toict de tortue, qui eschappa des pattes d'un Aigle en l'air : l'autre mourut d'un grain de raisin : un Empereur de l'egratigneure d'un peigne en se testonnant : Æmylius Lepidus pour avoir heurté du pied contre le seuil de son huis : Et Aufidius pour avoir choqué en entrant contre la porte de la chambre du conseil. Et entre les cuisses des femmes Cornelius Gallus preteur, Tigillinus Capitaine du guet à Rome, Ludovic fils de Guy de Gonsague, Marquis de Mantoüe. Et d'un encore pire exemple, Speusippus Philosophe Platonicien, et l'un de nos Papes. Le pauvre Bebius, Juge, cependant qu'il donne delay de huictaine à une partie, le voyla saisi, le sien de vivre estant expiré : Et Caius Julius medecin gressant les yeux d'un patient, voyla la mort qui clost les siens. Et s'il m'y faut mesler, un mien frere le Capitaine S. Martin, aagé de vingt trois ans, qui avoit desja faict assez bonne preuve de sa valeur, jouant à la paume, reçeut un coup d'esteuf, qui l'assena un peu au dessus de l'oreille droitte, sans aucune apparence de contusion, ny de blessure : il ne s'en assit, ny reposa : mais cinq ou six heures apres il mourut d'une Apoplexie que ce coup luy causa. Ces exemples si frequents et si ordinaires nous passans devant les yeux, comme est-il possible qu'on se puisse deffaire du pensement de la mort, et qu'à chasque instant il ne nous semble qu'elle nous tienne au collet ?

Qu'importe-il, me direz vous, comment que ce soit, pourveu qu'on ne s'en donne point de peine ? Je suis de cet advis : et en quelque maniere qu'on se puisse mettre à l'abri des coups, fust ce soubs la peau d'un veau, je ne suis pas homme qui y reculast : car il me suffit de passer à mon aise, et le meilleur jeu que je me puisse donner, je le prens, si peu glorieux au reste et exemplaire que vous voudrez.


prætulerim delirus inérsque videri,
Dum mea delectent mala me, vel denique fallant,
Quam sapere et ringi.


Mais c'est folie d'y penser arriver par là. Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulles nouvelles. Tout cela est beau : mais aussi quand elle arrive, ou à eux ou à leurs femmes, enfans et amis, les surprenant en dessoude et au descouvert, quels tourmens, quels cris, quelle rage et quel desespoir les accable ? Vistes vous jamais rien si rabaissé, si changé, si confus ? Il y faut prouvoir de meilleure heure : Et cette nonchalance bestiale, quand elle pourroit loger en la teste d'un homme d'entendement (ce que je trouve entierement impossible) nous vend trop cher ses denrees. Si c'estoit ennemy qui se peust eviter, je conseillerois d'emprunter les armes de la coüardise : mais puis qu'il ne se peut ; puis qu'il vous attrappe fuyant et poltron aussi bien qu'honeste homme,


Nempe et fugacem persequitur virum,
Nec parcit imbellis juventæ
Poplitibus, timidoque tergo.


Et que nulle trampe de cuirasse vous couvre,


Ille licet ferro cautus se condat in ære,
Mors tamen inclusum protrahet inde caput.


aprenons à le soustenir de pied ferme, et à le combatre : Et pour commencer à luy oster son plus grand advantage contre nous, prenons voye toute contraire à la commune. Ostons luy l'estrangeté, pratiquons le, accoustumons le, n'ayons rien si souvent en la teste que la mort : à tous instans representons la à nostre imagination et en tous visages. Au broncher d'un cheval, à la cheute d'une tuille, à la moindre piqueure d'espeingle, remachons soudain, Et bien quand ce seroit la mort mesme ? et là dessus, roidissons nous, et nous efforçons. Parmy les festes et la joye, ayons tousjours ce refrein de la souvenance de nostre condition, et ne nous laissons pas si fort emporter au plaisir, que par fois il ne nous repasse en la memoire, en combien de sortes cette nostre allegresse est en butte à la mort, et de combien de prinses elle la menasse. Ainsi faisoient les Egyptiens, qui au milieu de leurs festins et parmy leur meilleure chere, faisoient apporter l'Anatomie seche d'un homme, pour servir d'avertissement aux conviez.


Omnem crede diem tibi diluxisse supremum,
Grata superveniet, quæ non sperabitur hora.


Il est incertain où la mort nous attende, attendons la par tout. La premeditation de la mort, est premeditation de la liberté. Qui a apris à mourir, il a desapris à servir. Il n'y a rien de mal en la vie, pour celuy qui a bien comprins, que la privation de la vie n'est pas mal. Le sçavoir mourir nous afranchit de toute subjection et contraincte. Paulus Æmylius respondit à celuy, que ce miserable Roy de Macedoine son prisonnier luy envoyoit, pour le prier de ne le mener pas en son triomphe, Qu'il en face la requeste à soy mesme.

A la verité en toutes choses si nature ne preste un peu, il est mal-aysé que l'art et l'industrie aillent guiere avant. Je suis de moy-mesme non melancholique, mais songecreux : il n'est rien dequoy je me soye des tousjours plus entretenu que des imaginations de la mort ; voire en la saison la plus licentieuse de mon aage,


Jucundum cum ætas florida ver ageret.


Parmy les dames et les jeux, tel me pensoit empesché à digerer à part moy quelque jalousie, ou l'incertitude de quelque esperance, cependant que je m'entretenois de je ne sçay qui surpris les jours precedens d'une fievre chaude, et de sa fin au partir d'une feste pareille, et la teste pleine d'oisiveté, d'amour et de bon temps, comme moy : et qu'autant m'en pendoit à l'oreille.


Jam fuerit, nec post unquam revocare licebit.


Je ne ridois non plus le front de ce pensement là, que d'un autre. Il est impossible que d'arrivee nous ne sentions des piqueures de telles imaginations : mais en les maniant et repassant, au long aller, on les apprivoise sans doubte : Autrement de ma part je fusse en continuelle frayeur et frenesie : Car jamais homme ne se défia tant de sa vie, jamais homme ne feit moins d'estat de sa duree. Ny la santé, que j'ay jouy jusques à present tresvigoureuse et peu souvent interrompue, ne m'en alonge l'esperance, ny les maladies ne me l'acourcissent. A chaque minute il me semble que je m'eschappe. Et me rechante sans cesse, Tout ce qui peut estre faict un autre jour, le peut estre aujourd'huy. De vray les hazards et dangiers nous approchent peu ou rien de nostre fin : Et si nous pensons, combien il en reste, sans cet accident qui semblent nous menasser le plus, de millions d'autres sur nos testes, nous trouverons que gaillars et fievreux, en la mer et en nos maisons, en la bataille et en repos elle nous est égallement pres. Nemo altero fragilior est : nemo in crastinum sui certior.

Ce que j'ay affaire avant mourir, pour l'achever tout loisir me semble court, fust ce d'une heure. Quelcun feuilletant l'autre jour mes tablettes, trouva un memoire de quelque chose, que je vouloys estre faite apres ma mort : je luy dy, comme il estoit vray, que n'estant qu'à une lieue de ma maison, et sain et gaillard, je m'estoy hasté de l'escrire là, pour ne m'asseurer point d'arriver jusques chez moy. Comme celuy, qui continuellement me couve de mes pensees, et les couche en moy : je suis à toute heure preparé environ ce que je le puis estre : et ne m'advertira de rien de nouveau la survenance de la mort. Il faut estre tousjours botté et prest à partir, en tant que en nous est, et sur tout se garder qu'on n'aye lors affaire qu'à soy.


Quid brevi fortes jaculamur ævo
Multa ?


Car nous y aurons assez de besongne, sans autre surcrois. L'un se pleint plus que de la mort, dequoy elle luy rompt le train d'une belle victoire : l'autre qu'il luy faut desloger avant qu'avoir marié sa fille, ou contrerolé l'institution de ses enfans : l'un pleint la compagnie de sa femme, l'autre de son fils, comme commoditez principales de son estre.

Je suis pour cette heure en tel estat, Dieu mercy, que je puis desloger quand il luy plaira, sans regret de chose quelconque : Je me desnoue par tout : mes adieux sont tantost prins de chascun, sauf de moy. Jamais homme ne se prepara à quiter le monde plus purement et pleinement, et ne s'en desprint plus universellement que je m'attens de faire. Les plus mortes morts sont les plus saines.




Que filosofar es prepararse a morir
(Libro I, capítulo XIX)

Cicerón dice que filosofar no es otra cosa que disponerse a la muerte. Tan verdadero es este principio que el estudio y la contemplación alejan nuestra alma de nosotros y le dan trabajo independiente del cuerpo, que es cierto aprendizaje y semejanza de la muerte: o en otros términos, toda la sabiduría y razonamientos del mundo se reducen a enseñarnos a no tener miedo de morir. En verdad, o la razón nos burla, o no debe encaminarse sino a nuestro contentamiento, y todo su trabajo tender, en suma, a hacernos vivir bien y a gusto, como dice la Sagrada Escritura. Todas las opiniones del mundo coinciden en que el placer es nuestro fin, aunque se empleen diversos medios; pues de otra manera se las desdeñaría, pues ¿quién escucharía al que afirmara que el fin que debemos perseguir es la pena y la molestia?

Las disensiones entre las sectas filosóficas a este respecto son verbales: Transcurramus solertissimas nugas (No nos detengamos en vacuas bagatelas. Sénec, Epístola 117). Hay en ellas más terquedad y pillería de las que conviene a una profesión tan santa. Mas cualquiera sea el personaje que el hombre pinte, siempre pone en el retrato algo propio. Hay quienes dicen que aun en la virtud misma, el último fin de nuestra vida es el deleite. Me gusta hacer resonar en sus oídos esta palabra que les es tan desagradable. Y si ella significa algún placer supremo y excesivo contentamiento, se debe más bien a la asistencia de la virtud que a ninguna otra ayuda. Tal deleite por ser más vigoroso, nervioso, robusto, viril, no es menos seriamente voluptuoso. Debemos darle el nombre de placer, más adecuado, dulce y natural, no el de vigor de donde hemos derivado el nombre. Esa otra voluptuosidad más baja, si mereciese aquella hermosa denominación debiera aplicársele en concurrencia, no como un privilegio. La encuentro menos pura de molestias y dificultades que la virtud. Además su satisfacción es más momentánea, fluida y caduca. La acompañan vigilias, ayunos, trabajos, sudor y sangre. Tales pasiones particularmente devastadoras bajo múltiples aspectos, producen saciedad tan pesada que equivale a la penitencia. Nos equivocamos mucho al pensar que semejantes molestias aguijonean y sirven de condimento a la dulzura, como en la naturaleza lo contrario se vivifica por su contrario, es decir: cuando volvemos a la virtud que parecidos actos la consumen y la hacen austera e inaccesible, allí donde mucho más propiamente que a la voluptuosidad ennoblecen, aguijonean y realzan el placer divino y perfecto que nos procuran. Es indigno de la virtud quien examina y contrapone el coste al provecho, y desconoce su uso y sus gracias. Los que nos instruyen diciéndonos que su obtención es escabrosa y laboriosa y su goce placentero, ¿qué nos prueban con ello sino que es siempre desagradable? Porque, ¿qué medio humano alcanza nunca su disfrute? Los más perfectos se conforman con aproximarse a la virtud sin poseerla. Pero se equivocan, puesto que de cuantos placeres conocemos el propio intento de alcanzarlos es agradable. La empresa participa de la calidad de la cosa que se persigue, pues es una buena parte del fin y consustancial con él. El bien y la beatitud que resplandecen en la virtud llenan todas sus dependencias y avenidas, desde la primera entrada hasta la más apartada barrera. [...]

Yo nací entre once y doce de la mañana, el último día de febrero de mil quinientos treinta y tres, conforme con el cómputo actual que hace comenzar el año en enero. Hace quince días que pasé los treinta y nueve años, y puedo vivir todavía por lo menos otro tanto. Sin embargo, dejar de pensar en cosa tan lejana (como la muerte) sería locura. Pues dejan la vida jóvenes y viejos de igual modo. Ninguno sale de otro modo que como si entrara. Además no hay ningún hombre por decrépito que esté, que acordándose de Matusalén, no piense tener todavía veinte años en el cuerpo. Pero, pobre loco, ¿quién ha fijado el término de tu vida? Acaso te fundas para creer que sea larga, en el dictamen de los médicos. Observa más bien el consejo de la experiencia. Según la marcha común de las cosas, tú vives por gracia extraordinaria. Has pasado ya los términos acostumbrados del vivir. Y para que te persuadas de que así es la verdad, pasa revista a tus conocidos y verás cuántos han muerto antes de llegar a tu edad, más de los que la han alcanzado. Y de los que han ennoblecido su vida con la fama, piensa y apuesto a que hallarás muchos más que murieron antes que después de los treinta y cinco años. Es muy razonable y piadoso tomar ejemplo de la humanidad misma de Jesucristo, que acabó su vida a los treinta y tres años. El hombre más grande, pero que fue sólo hombre, Alejandro, murió al mismo término. ¿Cuántos medios de sorprendernos no tiene la muerte?


Quid quisque vitet, numquam homini satis
Cautum est in horas.


(El hombre no puede prever nunca, por avisado que sea, el peligro que le amenaza a cada instante. Horacio, Od., II, 13, 13.)
Dejando a un lado las fiebres y pleuresías, ¿quién hubiera jamás pensado que un duque de Bretaña hubiese de ser ahogado por la multitud como lo fue éste a la entrada del papa Clemente, mi paisano, en Lyón? ¿No has visto matar en un torneo a uno de nuestros reyes, en medio de fiestas y regocijos? Y uno de sus antepasados, ¿no murió atropellado por un cerdo? Amenazado Esquilo de que una casa lo aplastaría se mantuvo alerta: lo mismo pereció del golpe de una tortuga que en el aire se había desprendido de las patas de un águila; otro murió por un grano de uva; un emperador, con el arañazo de un peine mientras se peinaba; Emilio Lépido por haber tropezado en el umbral de su casa; Aufidio por haber chocado al entrar contra la puerta de la cámara del Consejo; y hallándose entre los muslos de las mujeres, Cornelio Galo, pretor; Tigelino, capitán de patrulla en Roma; Ludovico, hijo de Guido de Gonzaga, marqués de Mantua, y todavía de peor manera Espeusipo, filósofo platónico, y uno de nuestros Papas. El pobre Bebis, juez, mientras concedía prórroga de ocho días en una causa, expiró repentinamente; Cayo Julio, médico, mientras curaba los ojos de un enfermo la muerte le cerró los suyos, y si se me consiente citaré a un hermano mío, el capitán San Martín, de edad de veintitrés años, que había dado ya testimonio de su valer: jugando a la pelota recibió un golpe en la parte superior del oído derecho, sin apariencia alguna de contusión ni herida, no descansó ni reposoó, pero cinco o seis horas después murió de una apoplejía que le ocasionó el golpe. Con estos esjemplos tan frecuentes y extraordinarios, que pasan a diario ante nuestros ojos, ¿cómo es posible que podamos desligarnos del pensamiento de la muerte y a cada momento no se nos figure que nos atrapa por el cuello?

¡Qué importa, me diréis, que ocurra cuando quiera con tal que no se sufra agurdándola? También yo soy de ese parecer, y de cualquier suerte que uno pueda ponerse al reparo de sus golpes, aunque sea bajo la piel de una vaca, yo no retrocedería. Me basta vivir cómodo y procuro darme el mayor número posible de satisfacciones, por poco glorioso ni ejemplar que ello resulte,


Praetulerim delirus inersque videri,
Dum mea delectent mala me, vel denique fallant,
Quam sapere, et ringi.


(Prefiero pasar por loco o por necio, siempre que el error me sea grato, o que yo no lo advierta, mejor que ser cuerdo y estar rabiando. Horacio, Epístolas, II, 2, 126.)
Pero es locura pensar que eso conduzca a nada. Unos van, otros vienen, trotan, danzan pero de de la muerte nadie habla. Todo esto es muy hermoso. Mas cuando llega, para sí propios, o para sus mujeres, hijos o amigos, sorprendiéndolos de pronto y al descubierto, qué tormentos, qué gritos, qué rabia y qué desesperación los dominan. ¿Vísteis alguna vez nada tan abatido, cambiado, confuso? Necesario es ser previsor. Este descuido bestial, aunque pudiere alojarse en la cabeza de un hombre de entendimiento, lo que supongo imposible, bien caro nos cuesta. Si fuera enemigo que pudiéramos evitar, yo aconsejara tomar las armas de la cobardía. Pero como no se puede, puesto que atrapa igual al fugitivo y al poltrón que al valiente y al temerario,


Nempe et fugacem persequitur virum,
Nec parcit imbellis juventae
Poplitibus timidoque tergo.


(Persigue al que huye y castiga sin piedad al cobarde que vuelve la espalda. Horacio, Od. III, 18, 25.)
y ninguna coraza nos cubre,


Ille licet ferro cautus se condat in ære,
Mors tamen inclusum protrahet inde caput,


(Es inútil que os cubráis de hierro y bronce; la muerte os atajará bajo vuestra armadura. Propercio, IV, 18, 25.)
sepamos aguardar a pie firme, sepamos combatirla. Para empezar a despojarla de su principal ventaja contra nosotros, sigamos el camino opuesto al ordinario. Quitémosle la extrañeza, habituémonos, acostumbrémonos a ella, no pensemos en nada con más frecuencia que en la muerte. En todos los instantes tengámosla fija en la mente, y veámosla en todos los rostros. Al tropezar un caballo, al desprenderse una teja, al más leve pinchazo de alfiler, digamos enseguida: "Y bien, ¿cuando sería la misma muerte? Enderecémonos y esforcémonos". En medio de las fiestas y alegrías tengamos presente siempre el estribillo del recuerdo de nuestra condición; no dejemos que el placer nos domine ni se apodere de nosotros hasta el punto de olvidar de cuántos modos nuestra alegría se aproxima a la muerte y de cuán diversos otros estamos amenazados por ella. Así hacían los egipcios, que en medio de sus festines y en lo mejor de sus banquetes contemplaban un esqueleto para que sirviese de advertencia a los convidados:


Omnem crede diem tibi diluxisse supremum,
Grata superveniet, quæ non sperabitur hora.


(Imagina que cada día es el último que para ti alumbra, y agradecerás el amanecer que ya no esperabas. Horacio, Epíst. I, 4, 13.)
No sabemos dónde la muerte nos espera; aguardémosla en todas partes. La premeditación de la muerte es premeditación de la libertad. Quien ha aprendido a morir ha olvidado la servidumbre. Saber morir nos libra de toda sujeción. No existe el mal para quien ha comprendido que la privación de la vida no es un mal. Paulo Emilio respondió al emisario que le envió su prisionero al rey de Macedonia, para rogar que no le condujera en su trounfo: "Que se haga la súplica a sí mismo".

A la verdad, en todas las cosas, si la naturaleza no ayuda un poco, es difícil que ni el arte ni el ingenio las hagan prosperar. Yo no soy melancólico sino soñador. Nada hay de que me haya ocupado tanto en toda ocasión como de pensar en la muerte, aun en la época más licenciosa de mi edad:


Jucundum cum ætas florida ver ageret.


(Cuando mi edad florida gozaba su alegre primavera. Catulo LXVIII, 16.)
Hallándome entre las damas y en medio de diversiones y juegos, alguien creía que mi duelo era ocasionado por la pasión de los celos, o por incertidumbre en alguna esperanza; sin embargo, en lo que pensaba yo era en alguno que habiendo sido atacado, días antes, de fiebre, al salir de una fiesta parecida a la en que yo me encontraba, con la cabeza llena de ilusiones y el espíritu de contento, murió. Sonaba en mi oído el verso


Jam fuerit, nec post unquam revocare licebit.


(Muy pronto el tiempo presente desaparecerá y ya no podremos evocarle. Lucrecio, III, 915.)
Ni ese pensamiento ni otro arrugaban mi frente. Es imposible que al principio no sintamos las punzadas de tales ideas. Pero manejándolas con frecuencia, al fin se familiariza uno, sin duda. De otro modo, y por lo que se relaciona conmigo hallaríame en continuo horror y frenesí, pues jamás hombre alguno estuvo tan inseguro de su vida; jamás ningún hombre tuvo menos seguridad de la duración de la suya. Ni la salud que he gozado hasta hoy, vigorosa y en pocas ocasiones alterada, prolonga mi esperanza, ni las enfermedades la acortan. A cada momento me parece que me escapo. Y sin cesar me repito: Lo que pueda acontecer mañan, puede acontecer hoy". Los azares y los peligros nos acercan poco o nada a nuestro fin, y si reflexionamos cuántos accidentes pueden sobrevenir, además del que parece amenazarnos con mayor insistencia, y millones de otros que penden sobre nuestras cabezas, hallaremos que, frescos o febriles, en la mar o en nuestras casas, en la batalla o en el reposo, nos siguen de cerca: Nemo alteror fragilior est: nemo in crastinum sui certior (Ningún hombre es más frágil que los demás; ninguno tampoco está más seguro del día siguiente. Séneca, Epíst., 91). Para lo que he de ejecutar antes de morir, para concluirlo, todo plazo se me antoja largo, hasta el de una hora.

Alguien hojeando el otro día mis apuntes encontró una nota de algo que yo quería que se ejecutara después de mi muerte. Le dije, como era la verdad, que hallándola cuando la escribí a una legua de mi casa, habíame apresurado a asentarla, porque no tenía la certeza de poder regresar. Ahora en todo momento me encuentro preparado, y la llegada de la muerte no me sorprenderá, ni me enseñará nada nuevo. Es preciso estar siempre calzado y presto a partir, en cuanto de nosotros dependa y, sobre todo, guardarse de tener otro asunto que atender más que uno mismo


Quid brevi fortes jaculamur aevo
Multat ?


(¿Por qué en una existencia tan corta formar tan vastos proyectos? Horacio, Od. II, 16, 17.)
Necesitaremos de nosotros sin otra sobrecarga. Uno se queja más que de la muerte de que le interrumpa la marcha de una hermosa victoria; otro de que le es preciso partir antes de haber casado a su hija o acabado la educación de sus hijos; uno lamenta dejar la compañía de su mujer, otro la de su hijo, como comodidades principales de su vida.

Tan preparado me encuentro, a Dios gracias, que puedo partir cuando al Señor le plazca, sin que nadie me apene. Me desligo de todo. Me despido a medias de cada uno, salvo de mí mismo. Jamás hombre alguno se dispuso a abandonar el mundo con mayor calma, más pura y plenamente, ni se desprendió más universalmente que yo espero hacerlo. Los muertos más muertos son los que no piensan en el último viaje.



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