miércoles, 29 de julio de 2009

Baudelaire, López Narváez, y Arthur Symons


Le Balcon

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs! ô toi, tous mes devoirs!
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses!

Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux! que ton coeur m'était bon!
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!
Que l'espace est profond! que le coeur est puissant!
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!

La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur! ô poison!
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.

Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes?
— Ô serments! ô parfums! ô baisers infinis!

CHARLES BAUDELAIRE

El balcón

¡Madre de los recuerdos! ¡Reina de los amantes!
Eres todo mi gozo, ¡todo mi yugo eres!
En tí revivirán los íntimos instantes
y el sabor del hogar en los atardeceres,
Madre de los recuerdos, ¡Reina de los Amantes!

Las noches que doraba la crepitante lumbre,
las noches del balcón entre un vaho de rosas,
cuán dulce tu regazo, de ardiente mansedumbre
y el frecuente decirnos inolvidables cosas
en noches que doraba la crepitante lumbre.

¡Oh cuán bellos los soles de las tibias veladas!
¡Qué profundo el espacio! ¡Qué cordial poderío¡
Inclinado hacia ti, Reina de las amadas,
respiraba el perfume de tu cuerpo bravío.
Oh cuán bellos los soles de las tibias veladas.

En redor espesaba la noche su negrura
y entre ella adivinaban mis ojos tus pupilas,
yo libaba tu aliento. ¡Oh veneno! ¡Oh dulzura!
Y tus pies dormitaban en mis manos tranquilas,
y en redor espesaba la noche su negrura.

¡Es de artistas fijar los minutos del gozo
remirando el ayer sumido en tus rodillas!
¿A qué vano buscar encanto langoroso,
de tu cuerpo y tu alma sino en las maravillas?
Es de artistas fijar los minutos del gozo.

Juramentos, aromas, besos innumerables:
renacerán del vórtice vedado a nuestras sondas
como soles que suben a cielos inefables
después de sumergidos en las amargas ondas?
¡Oh aromas, juramentos! ¡Oh besos incontables!

CARLOS LÓPEZ NARVÁEZ


The Balcony

Mother of memories, mother of mistresses,
O thou, in whom my pleasure bites and smites! —
Thou givest me the beauty of divine caresses,
The heart’s fire at the midnight of the nights,
Mother of memories, mother of mistresses!

The nights ignited by the fire’s fierce fashions,
The shadows of the unveiled Invisible,
How sweet thy breast, thy heart and all its passions!
We have often said strange things imperishable,
On the nights ignited by the fire’s fierce fashions.

Scents and heats of Hell’s Hallucinations!
Space, and the heart’s beating and our changing mood,
Thou canst give me, O queen of my Adorations,
The very perfume of thy most precious blood.
Scents and heats of Hell’s Hallucinations!

Night and the absolute horror of a Vision,
Mine eyes on thine in the dark one’s sense depresses,
When I drank thy blood, thy breath, poison, derision!
When thy feet slept, when slept thy dishevelled tresses!
Night and the absolute horror of a Vision.

I know the art of evoking invocation,
And I have dreamed deep hidden between thy knees
Of languorous beauties, of thy fascination,
Thy body’s beauty, the savage wind-swept Seas!
I know the art of evoking invocation!

These oaths, these perfumes, these kisses, mad, ferocious,
Shall these arise from a great gulf interdicted?
Some deep abyss, sombre, sunless, atrocious,
The depths of the illimitable seas by our Sins predicted?
— O oaths! O perfume! O kisses, mad, ferocious!

ARTHUR SYMONS

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